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Quelles sont les dispositions de la législation suisse en matière d’humusation ?

L’acte de l’humusation, également désigné sous le terme d’humification, figure parmi les rites funéraires et se rapporte à la conversion de la dépouille d’un défunt en un riche humus pour la production d’un « compost humain ». Il représente, en effet, une alternative plus respectueuse de l’environnement que l’inhumation ou la crémation, facilitant un « retour à la nature » et ainsi nourrissant le cycle ininterrompu de la vie. Cependant, est-ce que la loi suisse approuve ce rituel funéraire d’une singularité indéniable ? Et est-ce que les sociétés de services funéraires offrent cette option ? Dans cet article, nous explorons ensemble ces interrogations.

Le cadre législatif de l’humusation en Suisse : une exploration

Actuellement, la Suisse privilégie exclusivement deux modes de traitement du corps après la mort : l’inhumation et la crémation. C’est d’ailleurs ce que les agences de pompes funèbres helvétiques proposent essentiellement à leurs clients.

Bien que pratique courante ailleurs, l’humusation ne se trouve pas encore légalisée en Suisse, lui conférant une position à contre-courant de certains pays du globe.

Prenons par exemple le cas des États-Unis où le compostage humain a pris racine juridiquement parlant, dans l’État de New York dès 2023, s’ajoutant ainsi à cinq autres États déjà ouverts à cette pratique : la Californie, le Colorado, l’Oregon, le Vermont, ainsi que Washington.

En Europe, l’humusation n’est malheureusement pas reconnue légalement dans de nombreux pays malgré les efforts fournis par plusieurs organismes, notamment en France et en Belgique, pour changer le statut quo. L’activiste Francis Busigny est un fer de lance de cette cause en terre belge. Leurs initiatives et plaidoyers n’ont pourtant pas permis de réussir à la légaliser, du moins pas encore.

Loin de se laisser décourager, des voix s’élèvent également en Suisse romande pour soutenir ce mouvement. C’est le cas de l’association Humusation Suisse, basée à Lausanne, qui milite avec détermination pour que l’humusation soit reconnue en tant que pratique funéraire légale.

Le privilège d’opter pour l’humusation

L’humusation, pratique écologique de transformation des dépouilles en compost humain, gagne du terrain tandis que notre société reconsidère sa perception de la mortalité. Les adeptes de l’humusation voient dans cette pratique une chance de continuer à contribuer à l’équilibre de la planète même après la mort. Les atouts de l’humusation sont, en effet, multiples :

  • Le bénéfice environnemental : En adoptant l’humusation, l’écologie est au cœur de nos derniers instants. Cette alternative écoresponsable à l’inhumation et la crémation évite le recours aux substances toxiques comme le formol, typiques des techniques funéraires conventionnelles. De plus, son impact carbone est minime comparé à celui des méthodes traditionnelles, qui génèrent des émissions de CO2 considérables, allant jusqu’à 230 kg et 800 kg respectivement pour la crémation et l’inhumation.
  • L’efficience des dispositions funéraires : L’humusation prévient l’obligation d’une dépense en cercueil et en urne, ces derniers étant superflus. Le corps est plutôt enveloppé dans un linceul réutilisable et le compost résultant est destiné à être réintégré à la terre, éliminant ainsi le besoin d’un monument commémoratif.
  • La simplicité du procédé : Moins contraignante qu’une inhumation, qui nécessite l’entretien d’une tombe ou d’une concession, l’humusation requiert simplement un lieu de dépôt pour une période de douze mois, le temps que le processus de décomposition soit terminé.
  • Le sentiment d’accomplissement : L’humusation procure une satisfaction morale en réduisant la charge polluante des funérailles traditionnelles tout en contribuant au cycle de vie. Cette contribution post-mortem à la régénération de la terre est un geste qui traduit un sens de l’altruisme et du respect profond pour la nature.

La dimension éthique et la technique de l’humusation

Même si l’humusation est un procédé qui offre de nombreux atouts, elle est aussi le sujet d’interrogations éthiques. Certains avancent l’idée qu’elle pourrait être en contradiction avec l’exigence morale de montrer respect et dignité envers les corps de nos disparus.

Pour une autre portion de la population, cette méthode est ardue à réglementer juridiquement. Bien que cette alternative environnementale fasse preuve de mérite sur le papier, la mise en place d’une refonte conséquente du secteur funèbre serait nécessaire afin d’intégrer cette proposition dans des conditions optimales.

Certains vont même jusqu’à considérer cette pratique comme étant inappropriée pour les familles en deuil, énonçant que cette technique pourrait perturber la période de résilience.

En fin de compte, ceux moins enclins face à l’humusation lui reprochent aussi son coût. Dans les nations où ce procédé est autorisé, le coût lié aux funérailles ne présente pas forcément une réduction de prix, malgré les apparences. Même si les ressources naturelles nécessaires sont moindres, les professionnels de l’humusation doivent prendre soin du tumulus renfermant le corps du défunt durant toute la période de décomposition, ce qui génère des coûts additionnels.

Décortiquons le processus d’humusation

L’aventure de l’humusation se déroule en trois phases distinctes. C’est d’abord le corps, soigneusement enveloppé dans un linceul biodégradable, qui trouve sa place dans un cercueil conçu en inox. L’idée derrière ce choix méticuleux de matériaux : éviter à tout prix l’utilisation de substances conservatrices potentiellement nuisibles pour notre bonne vieille terre.

Dans un second acte, le corps de celui qui n’est plus est délicatement posé à même le sol, sur un lit fait de broyats et de copeaux de bois. C’est alors que débute un doux recouvrement par un mélange végétal humide, prenant ainsi la forme d’une colline miniaturisée, plus communément appelée tumulus. Une stèle naturelle est prévue pour que les proches puissent venir rendre hommage lorsque le cœur leur en dit.

Ensuite, pendant environ une année, le corps se laisse doucement décomposer par l’œuvre incessante des micro-organismes dont le sol regorge. Cette opération délicatement orchestrée peut voir la température monter jusqu’à 60 °C, ce qui permet d’éliminer toute trace de pathogènes. Inévitablement, après un certain moment, les parties molles auront totalement disparu. Les résidus non organiques (pace-maker, prothèses, etc.) sont patiemment retirés par les humusateurs. Quant aux os et aux dents, ils sont judicieusement réduits en fine poudre utilisée pour doper le broyat dans la butte de terre.

Et enfin, lorsque le corps a bel et bien terminé sa transformation – sachant qu’un être humain produit en moyenne 1,5 m³ d’humus frais et fertile –, il est de tradition d’utiliser une fraction de ce précieux humus pour enrichir la terre d’un arbre. Cet arbre, planté en mémoire du défunt, voit alors le jour dans une forêt ou un bois du souvenir.

Quelle est la trajectoire de l’humusation en Suisse ?

En effet, lors des dernières décades, nous avons pu observer une descente régulière de la fréquentation des cimetières, freinant leurs activités au bénéfice des jardins du souvenir qui se multiplient à la hâte chaque année pour être le dernier refuge des cendres des défunts. Marquant un fossé entre les traditions funéraires passées et celles actuelles. Les proches ne cherchent plus nécessairement de lieu tangible pour sépulture pour apprivoiser leur deuil de manière sereine.

Par ailleurs, une majorité grandissante de citoyens suisses manifestent une préoccupation quant à l’empreinte carbone, inhérente à leur disparition, et aspirent à orchestrer des funérailles respectueuses de l’environnement.

Sous l’hypothèse où l’humusation serait rendue légale, bien que ne faisant pas l’unanimité, elle aurait toutefois le potentiel d’être considérée, à long terme, comme une solution envisageable pour quiconque souhaiterait donner une dimension véritablement significative à son trépas.

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